Étant grippé et alité, ayant un exemplaire de La santé par les plantes, de Francis Mizio à portée de main, je me suis dit "foin des remèdes de médecins, de grands-mères et autres pharmaciens, je vais me soigner par les plantes en lisant un bon bouquin". Ainsi fut dit, ainsi fut fait, ou à peu près.
La grippe a en commun avec d'autres maladies de provoquer des douleurs thoraciques qui peuvent s'amplifier lors d'inspirations (inspiration : action d'inspirer qui, associée avec l'expiration, forme ce qu'il est convenu d'appeler la respiration ; à ne pas confondre avec l'inspiration : technique de création artistique, dont les jaloux disent qu'elle est en partie due à l'ingestion de quantités massives de liquides euphorisants dont l'excès peut conduire, justement, à l'expiration de l'inspiré, c'est-à-dire, en jargon littéraire, à son trépas), des douleurs thoraciques donc qui peuvent s'amplifier lors d'inspirations ou d'expirations profondes.
Le rire, lui, est physiologiquement caractérisé par une succession d'expirations courtes qui peuvent être détectées - au choix - par l'apparition d'ondes sonores audibles, ou à l'oscilloscope électronique (une fréquence principale de 3 à 7,5 Hz, suivant une courbe de Gauss (rien à voir avec le trop délaissé verbe "se gausser") avec des harmoniques particulièrement intenses chez le sujet féminin dans les 750, 2250, et curieusement 30 Hz).
Le rire est donc a priori et d'après les experts (qui savent tout et son contraire) déconseillé au grippé, du fait de l'équation booléo-logicienne : {(rire => expiration intense) ET (expiration intense + grippe => douleur)} => (rire + grippe=> douleur), dont une traduction en langage courant serait : "grippe ou pas, si vous voulez vous marrer un bon coup lisez La santé par les plantes de Francis Mizio".
Certes, cet humour ne conviendra peut-être pas à tous (je pense en particulier aux abonnés aux programmes télé et aux gardiens de squares, voire aux gérants de stations-services), mais il peut être consommé sans risque de se tromper par tous les amateurs de polars, de romans noirs, de romans drôles, de nouvelles désopilantes et d'une façon générale de bons livres (voire de thrillers, ceci dit pour taquiner celles et ceux qui font de la taxonomie des littératures une affaire d'État).
De quoi parle-t-on ? Eh bien, de plusieurs choses. Tout d'abord, bien sûr, d'Histoire Naturelle. L'imbrication complexe des processus reproductifs d'espèces rares (telles le perroquet vert à deux crêtes et touffes rouges sous les ailes, ou le doryphore-bousier lubrique) intéressera au plus haut point les sexologues, les écologistes militants, les pépiniéristes et bien évidemment les gardiens de HLM. Les anomalies génétiques rares (telle celle qui affecte une femme à barbe glabre dans un Lunapark australien) attireront l'attention des téléthoniens et des abonnés à EuroMickey. L'organisation interne de Scotland Yard, décrite sous un jour inédit, passionnera les criminologues à la recherche de nouveaux espaces. Les voleurs apprécieront la présentation de techniques innovantes pour dérober un carnet dans la poche d'un quidam. Et les proches de possesseurs de carnets verront décupler leur tendance bien naturelle à lire ce qui ne les regarde pas.
Mais la performance de l'auteur est ailleurs. Réussir à faire d'une collection de thèmes aussi variée (la liste ci-dessus n'est pas exhaustive, loin s'en faut) un véritable thriller, avec suspens, plongée du lecteur dans les pensées les plus intimes des personnages (le drame qui perturbe l'existence des mâles perroquets verts à deux crêtes et touffes rouges sous les ailes depuis des siècles est poignant, surtout si l'on fait le rapprochement - ce n'est pas dans le livre - avec les circonstances dramatiques du décès de Mike Brant) ; réussir donc à faire d'une collection de thèmes aussi variée un livre qui tient la route (indispensable, vu la variété des latitudes explorées), bref, qui se dévore tout en se savourant, et réciproquement, relève de la prouesse et produit un résultat qui a tout du livre culte. Rien moins.
Il faut préciser que ce roman n'est pas une nouveauté, il s'agit de la troisième édition - les autres étant épuisées - et elle est à mettre au crédit des Éditions Après la Lune.
Il faut préciser que ce roman n'est pas une nouveauté, il s'agit de la troisième édition - les autres étant épuisées - et elle est à mettre au crédit des Éditions Après la Lune.
Un livre super pour se soigner avec les plantes à l'adresse : http://lesplantesante.blogspot.fr/
RépondreSupprimerBonne lecture !