mercredi 19 octobre 2011

Contes déraisonnables, de Sylvette Heurtel

Contes déraisonnables est un bel objet. Une couverture de qualité, avec papier au touché agréable, un joli dessin en illustration et, chose que je n’avais jamais vue mais que je trouve judicieuse : un « résumé » placé en couverture. Tout cela fait un livre que j’ai plaisir à prendre en main : un bon point.
A l’intérieur, une vingtaine de nouvelles signées Sylvette Heurtel qui toutes, sans exception, m’ont plongé dans un univers sans qu’il soit besoin de me donner de l’élan. Il y est question de mer, de voyages, d’endroits sinon isolés du moins hors des grandes villes et de leur brouhaha. Et de solitude, car le point commun, le fil conducteur de ces textes, c’est cela : la perte de quelqu’un et les sentiments qui en découlent. Le personnage central est presque toujours une femme, même lorsque la perte en question ne l’affecte pas directement. J’avais eu le même ressenti à la lecture de Contes malpolis : Sylvette Heurtel a le chic pour créer un monde en quelques pages. Un monde, une histoire, des personnages « vivants », des sentiments : tout ça se met en place dès les premiers paragraphes, sans effort, grâce à une écriture à la fois belle, précise et imagée, jusqu’à la chute. Sylvette Heurtel ne décrit pas un coucher de soleil : elle brosse ceux qui l’observent ; elle ne s’appesantit pas sur les habitués du bar « L’Ourse Seule », pas plus qu’elle ne nous impose la géométrie des lieux : quelques paroles prononcées par ceux qui boivent là, quelques difficultés rencontrées pour gravir l’escalier suffisent pour « y être ». L’Ourse Seule, d’ailleurs, aurait pu faire un bon titre. Les femmes de ces histoires sont assez « ourses » de caractère : une navigatrice solitaire, une femme âgée repliée sur son passé, une veuve vivant quasiment seule sur son île, une autre qui assiste chaque soir au coucher du soleil en compagnie de son mari mort… Ce n’est ni triste, ni gai, c’est juste « comme ça ». Et c’est très bien comme ça.
Contes déraisonnables est publié par les Editions Henry des Abbayes, maison située à Fougères (35). Un travail d’édition remarquable par sa qualité. Cerise sur le gâteau : ce petit bijou ne coûte que 10 euros, frais de port inclus et il ne s’est pas écoulé 10 jours entre le moment où j’ai posté ma commande et celui où j’ai reçu le livre.

Pour toutes ces raisons : bravo !


Sur le site de l'éditeur.

Et, pour voir ce à quoi ressemble l'atelier qui produit de tels ouvrages, une visite en photos ICI.

1 commentaire:

  1. Voilà, c'est exactement ça! Tu en parles très bien... Je n'aurais pas mieux dit!

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