Le salon du polar corse et méditerranéen est une fête qui se prolonge bien après le retour sur le continent. J'avais déjà à cette occasion découvert l'humour poulpien de Jean-Paul Ceccaldi dans Oeuf corse, la passion holmésienne d'Ugo Pandolfi dans La vendetta de Sherlock Holmes, la plume énergique et drôle d'Anouk Langaney dans Même pas morte ! ; l'édition 2014 ne déroge pas à la règle et j'en suis revenu chargé de quelques ouvrages dont le premier lu est aussi un premier roman.
Porte ouverte, de Jean-Pierre Lovichi, c'est d'abord une couverture qui accroche. Sobre, mais intrigante. La porte ouverte y est 2 fois. 3, même, si l'on compte le titre. Alors, je me suis demandé quels mystères recelait ce livre dont un rôle central était tenu par des gonds. Et donc, j'ai lu... J'ai fait la connaissance d'Aziz, lycéen sage, apprécié et brillant, de Chloé, ravissante et plus délurée, qui milite sur les marchés, d'Orso et de Lesla, jeune couple corse "expatrié" à Paris, quatre personnages dont les destins vont se télescoper. Dès le début, le ton est sombre. On n'est pas dans un feuilleton et on sait, on devine que tout ça va mal se passer. La porte ouverte... Elle ouvre sur quoi, pour qui ? Je n'en dis pas plus (c'est-à-dire presque rien) sur l'histoire, il ne faudrait pas gâcher la visite.
Le rythme est prenant, Jean-Pierre Lovichi ayant fait le choix de multiplier à la fois les narrateurs et les modes de narration (les chapitres sont entrecoupés d'extraits de procès-verbaux relatifs à différents protagonistes). Les éléments de l'intrigue sont distillés petit à petit, sans ces coups de théâtre improbables ou hasards trop heureux qui décrédibilisent tant d'histoires à la base prometteuses. Porte ouverte tient solidement sur ses gonds mais n'oublie pas de grincer.
Un très bon roman, sombre, sans "happy end" - c'est le moins qu'on puisse dire - porteur de réflexions sur la justice, la culpabilité, la destinée et le hasard. Une porte ouverte peut cacher un cygne noir...
Porte ouverte, de Jean-Pierre Lovichi, éditions Ancre Latine 2014
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