lundi 30 mai 2011

Moi comme les chiens, de Sophie Di Ricci

Ed. Moisson Rouge
Prostitution masculine, drogue, violence, déchéance et amour. Deux personnages principaux, Alan et Hibou, s’aiment à leur façon au milieu d’une société immonde dont on ne voit passer que quelques bien tristes représentants : une mamie au bout du rouleau qui héberge un petit-fils drogué et prostitué, des « chalands », comprendre les clients des prostitués, des voyous minables mais dangereux, des étudiants aisés qui manifestent. Hibou a la quarantaine bien entamée, est plutôt laid, trimballe une réputation d’ancien du grand banditisme, est plein aux as mais se terre dans un appartement délabré et ne vit que la nuit, à trainer dans les bars quand il ne « surveille » pas au volant de sa Peugeot 307, pétard en poche. Alan est tout juste sorti de l’adolescence, passe ses nuits dans un hôtel minable quand il a de quoi payer, gagne quelques billets en s’attirant la « sympathie » de bienfaiteurs que son physique attire, quelques autres en caressant des « chalands », mais pas plus que ça. Alan est un vrai homosexuel. Pas comme Bouboule et Mickey, accros en fin de parcours, qui acceptent n’importe quoi pour éviter le manque. Alan rêve du Canada. Il ira, c’est sûr, parce que là-bas ce sera mieux. Il pourra faire disquaire. Ou partir vivre dans le grand Nord, seul avec Hibou. Ou avec Mickey. Mais pour ça, il lui faut de l’argent. Et éviter de le dépenser en disques qu’il ne peut pas écouter faute de platine, ou en fringues. Ou en drogue. Il rêve, Alan… Parce que dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. Dans la vraie vie, ses copains Bouboule et Mickey vont avoir de gros ennuis avec les « durs » du quartier qui réclament leur quote-part dans le business. Qu’ils racolent les chalands sur la murette, d’accord. Mais c’est leur murette. Alors, il va arriver de sales trucs à Alan. Alors, Hibou va s’en mêler. Et quand Hibou s’en mêle, il va jusqu’au bout…

Un livre dur, violent, réaliste, loin des clichés et des textes moralisateurs ou bien-pensant. Les méchants peuvent être punis, ou pas. Les gentils peuvent s’en sortir, ou pas. D’ailleurs, il n’y a pas de gentils ici, juste des gens qui galèrent, et quand on galère...

Une peinture gris foncé d’un monde noir, avec un sacrément beau coup de pinceau.

À lire aussi : une interview de Sophie Di Ricci sur le Concierge masqué, sa présentation sur Livresque du noir.

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