dimanche 23 août 2015

Bruxelles noir, nouvelles (collectif dirigé par Michel Dufranne)

Dans la série des villes "noir", chez Asphalte, voici un bon recueil de nouvelles dans lequel figurent des pointures du genre. Après avoir apprécié Paris noir et Marseille noir, l'opus consacré à Bruxelles me confirme la grande qualité de la collection.
Un mot d'abord sur la 13 ième et dernière nouvelle du recueil, l'Apiculteur, de Jean-Luc Cornette, parce qu'elle m'a particulièrement plu. C'est le clou du spectacle : mettre en scène Son Altesse Royale le prince héritier du trône de Belgique, sur fond de culture de cannabis et de tables tournantes, il fallait le faire. C'est drôle et bien mené.
Mais avant ce petit bijou, on a droit a un panorama soigné de la capitale belge, dans des genres et des styles variés :
Paul Colize, avec Une fraction de seconde, reprend une affaire qu'il connait bien (les tueurs fous du Brabant) dans une nouvelle alternant les époques jusqu'à une chute peu conventionnelle et surprenante. Du bon... Sara Doke, dans L'autre guerre de la Marolle, offre une plongée dans les bas-fonds de la ville, et dans le même temps de fréquentes évocations des légendes locales. Edgar Kosma, avec L'idiot du village, surnommé l'Américain, produit une nouvelle remarquable où un homme "dispensé de travailler en raison de son quotient intellectuel particulièrement bas" va faire la rencontre de sa vie : la belle Justine... Ayerdhal nous embarque dans un train avec L'autre moitié d'une vie, magnifique nouvelle qui vire au fantastique. Dans Le tueur aux pantoufles, Nadine Monfils place l'action "à Bruxelles, (ou) personne n'aurait soupçonné ce brave retraité d'arrondir sa maigre pension en faisant des pipes au bois de la Cambre..." Katia Lanero Zamora avec Dédales écrit une nouvelle futuriste (à peine...) qui montre une administration européenne dictatoriale face à une population où les émeutiers grondent. Sombre, prenant, et inquiétant. La perruche, de Barbara Abel, est une excellente nouvelle où l'on voit que trop vouloir le bien peut conduire au pire. Après avoir lu Seuls les ruisseaux boueux coulent dans l'obscurité, de Patrick Delperdange, je ne vois plus les voyages organisés en Belgique du même œil... Rituel, de Kenan Görgün, est un texte très dur, sur fond de fête religieuse : l'aïd el kebir. L'ombre de la Tour, d'Émilie de Beco, est une histoire de chantage à la RTBF qui finit mal, très mal, pour tout le monde. Alfredo Noriega, avec Ecuador, parle des violences policières. Enfin Bob Van Laerhoven, dans Paint it, black, démontre que coucher avec la compagne de son ami n'est pas forcément une bonne idée...
Bref, un recueil varié et de qualité, dans lequel il y en a pour tous les goûts.

Bruxelles noir est publié chez Asphalte.

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