Étant de passage à Marseille dans les jours qui viennent, en route pour la Corse et Polar en Cavale, je me devais de lire ce recueil acquis il y a peu à Nantes, et lu à Paris... Comme quoi la France, c'est bien petit. Chez le même éditeur (Asphalte), Paris Noir m'avait plu, alors j'ai ouvert celui-là en confiance et n'ai pas été déçu. Changement de ville, changement d'auteurs, changement de styles et d'ambiance, il reste deux constantes : c'est du vrai noir, et du bon.
Après une introduction instructive de Cédric Fabre intitulée "Marseille calling", ça démarre fort avec un "Josette m'aimaient bien", de Christian Garcin, et une chute plutôt drôle (pour le lecteur), ou comme quoi une gâterie à 9 ans ça peut marquer une vie... Avec "Extrême onction", de François Thomazeau, le ton se fait plus sombre et plus émouvant ; Le silence est ton meilleur ami, de Patrick Coulomb, démontre qu'on peut être doux, gentil, prof d'histoire-géo et péter les boulons quand la musique se fait trop envahissante (là, je compatis, j'ai horreur du bruit) ; René Frégni, avec "Les vivants au prix des morts", entame par un "Je ne suis pas revenu dans la banlieue où j'ai grandi pour ramasser des olives. Je suis venu pour tuer un homme." qui tient toutes ses promesses, et surtout la deuxième... ; Marie Neuser va loin dans le burlesque macabre avec "Je partirai avec le premier homme qui me dira je t'aime", un texte original qui me fera désormais regarder à deux fois les jeunes femmes tirant d'étranges valises ; le court mais percutant "En sursis" d'Emmanuel Loi démontre qu'il n'est pas besoin d'en faire des tartines pour créer une ambiance ; Rebecca Lighieri offre deux destins qui se séparent et se retrouvent, pour le meilleur pire et pour le pire, avec "Que dire ?" un texte plus long et touchant ; avec Katrina, François Beaune situe son action dans un bus et démontre avec cette nouvelle au titre d'ouragan que les transports en commun restent un haut lieu d'observation avisée de nos contemporains (mais attention : ça glisse) ; Philippe Carrese, dans "Le problème du rond point", fait aussi dans le court et ça va à 100 à l'heure... et tant pis pour certains ; Pia Petersen, avec "Sous peine de poursuite", livre un conte marseillais mettant en scène un drôle de bonhomme venu s'installer là "pour être à côté d'une faille sismique"... il ne faillira pas ; "Verts, légèrement grisés", de Serge Scotto, parle de viol, de violence, ou comment la victime peut en arriver à se réjouir que son agresseur se porte au mieux... ; le selfie est à l'honneur dans "La mule rouge" de Minna Sif, pour un univers glauque et violent, sans espoir jusqu'au selfie final ; j'ai moins apprécié "L'entrepôt pour gens d'avant", de Salim Hatubou, dont le scénario m'a semblé improbable, mais d'autres aimeront se laisser embarquer pour les Comores en compagnie d'un flic dont on a tué la compagne ; enfin Cédric Fabre imagine un Marseille dans un futur délabré, avec une histoire bien menée qui finit, une fois n'est pas coutume, par de l'espoir.
J'ajoute que ce recueil vaut pour guide touristique de la ville, chaque nouvelle étant associée à un quartier.
Marseille Noir est paru en 2014 chez Asphalte (collection Asphalte Noir).
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