Il ne s'agit pas d'un polar, ni d'un roman noir (quoique, sur la fin...), mais il a sa place dans ma bibliothèque en tant que coup de coeur. Le club des filles moches, de Karl Nouail, est paru aux éditions Siloe en novembre dernier et c'est un excellent roman.
L'histoire ? Disons qu'il y en a deux - avec le même personnage central narrateur - à une vingtaine d'années d'intervalle. Abraham le lycéen tourmenté qui rêve de devenir designer pour les montres Swatch croise la route du "Club des filles moches", petit cercle de "rebelles" qui en veulent à la Terre entière, à cette société où être "moche" signifie avoir perdu d'avance. Abraham l'adulte a réussi dans le marketing, pas comme designer chez Swatch, mais dans une multinationale qui vend des paires de lunettes.
Le contraste entre les deux époques est bien rendu, avec le changement radical de "psychologie" de l'ado à l'adulte. L'humour est partout, ce livre fourmille de petites phrases rigolotes qui sonnent juste, de détails biens observés. Mais au-delà de la légèreté du ton (qui va de pair avec une belle écriture), le propos est plus sérieux qu'on peut l'imaginer au premier abord (à la lecture du titre, par exemple) : Karl Nouail dresse un portrait de la France des années 80 (vue par les ados de l'époque) et de celle d'aujourd'hui (vue par un cadre assez "typé"). Portrait pas franchement flatteur, à la limite du cynique et de l'ironique, toujours drôle et fin. Bien vu !
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