vendredi 18 février 2011

Bois, de Fred Gevart (Ed. Ecorce)

Bois, de Fred Gevart
Bois est l’histoire d’un écrivain alcoolique, abstinent suite à un drame que l’on devine terrible qui l’a rendu totalement amnésique. « L’amnésie lui avait tout donné, mais à présent la vérité vient reprendre son dû. » Difficile de résumer un livre comme Bois sans en dire trop sur l’intrigue, et ce serait dommage. Alors je me contente de rappeler ici ce que la quatrième de couverture dévoile, pour essayer de donner un modeste avis sur le fond du roman et sa construction.


Il s’agit d’un premier roman – même si l’auteur est loin d’être un novice – publié chez une jeune maison d’édition, Ecorce, qui n’avait jusqu’alors édité que le remarqué Retour à la nuit, d’Eric Maneval. C’est important de le signaler, parce que Bois sort des sentiers battus à bien des égards ; on notera que contrairement à ce que l’on peut lire parfois, il existe en France des « petits » éditeurs audacieux et exigeants sur la qualité des textes qu’ils proposent.

Bois est un roman noir qui intègre plusieurs drames, au-delà du principal annoncé en quatrième de couverture. Ces drames, Fred Gevart les présente du point de vue du personnage central, également narrateur pour une partie du livre, dont le cas – l’histoire le dira très vite – est désespéré. C’est une des forces du récit : qui est la « victime » ? Un peu tout le monde. Beaucoup, même. Une épouse aimante qui semble détenir un terrible secret ; une ancienne « terroriste » devenue muette ; son compagnon décédé après avoir dégoupillé la grenade qu’il portait en collier. Ou cet écrivain, retenu en otage pendant quatre jours dans des conditions qui ont dû être abominables ? Pour mieux mettre en valeur ces « mystères », le texte alterne les époques, au point où l’on ne sait plus très bien par moments qui est qui, qui a fait quoi et pourquoi. Il ne s’agit pas d’un défaut, loin de là : les différentes parties, clairement marquées par des changements de polices de caractères (bien vu !), s’imbriquent savamment pour conduire le lecteur au choc final.

L’écriture est soignée, les mots choisis ; le ton est juste, le vocabulaire simple et précis. Pas d’adjectifs inutiles, de superlatifs racoleurs : les faits et les personnages, habilement présentés et brossés, suffisent. Ce livre est excellent et a de quoi séduire un très large public, du lecteur « ordinaire » qui prendra plaisir à dévorer les pages jusqu’à la chute, à l’amateur « éclairé » de littérature noire qui admirera le travail.

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