mardi 23 août 2011

4 nouvelles, dans la collection "La porte à côté" aux Éditions de l'Atelier In8

J’aime les nouvelles et les courts récits. C’est un art difficile, peu mis en valeur en France malgré le grand nombre d’auteurs de talent qui « produisent » pour l’essentiel sur Internet, forums ou autres. La nouvelle ne se vend pas… Pourtant, on trouve des éditeurs qui « marchent » et proposent une offre de qualité. C’est le cas des éditions de l’Atelier In8, que j’ai découvertes lors du salon du livre de Paris 2011 avec 4 nouvelles de grande qualité. Un seul reproche : le prix (4 à 5 euros), mais pour le reste « l’objet livre » est réussi et d’un format agréable.

Les éditions de l’atelier In8 : http://editions.atelier-in8.com/
On ne peut pas continuer comme ça, d’Anne-Marie Garat.
Le récit commence par une petite phrase dans le genre de celles qui ont le pouvoir de m’accrocher. « Pourquoi, ce matin-là, ai-je pris cette petite route, au lieu de la nationale ? » Chaque jour qui passe, on prend une quantité incalculable de décisions comme celle-là, sans même y penser, qui peuvent – et vont forcément- tout changer. Un matin d’automne, un automobiliste décide de dévier sa route et, en pleine campagne, s’arrête sur un panneau « À vendre ». Une station-service, enfin ce qu’il en reste depuis que la clientèle l’a désertée au profit de la station de la nationale. Et s’il l’achetait, cette bicoque isolée, pour y passer ses week-ends ?
Je ne raconte pas l’histoire, elle est originale et belle. En une trentaine de pages, Anne-Marie Garat plante un décor et une ambiance de manière exceptionnelle. Les dialogues, sobres, sonnent très vrai, notamment dans la bouche du vieux Jo, le propriétaire des lieux, qui se révèle être un vendeur hors-pair : « C’est que vous voudriez des petits agréments, en plus, hein. Des petites choses. » Je les ai vus en lisant, ces « petits agréments », « ces petites choses » et c’est tout le plaisir de lecture qui va avec : quelques lignes suffisent à l’auteur pour restituer un univers. J’y étais…
Un texte particulièrement réussi.
Lavocam, de Jan Thirion.
Jan Thirion, c’est une valeur sûre, aussi bien dans ses romans que dans ses nouvelles : un bon moment de lecture assuré. Il a le chic pour créer une histoire extraordinaire à partir de situations, de personnages, de tous les jours. Dans Lavocam, le héros est un laveur de camions. On pourrait penser que sa vie est d’un morne à se tirer une balle. De l’extérieur, elle l’est. Mais de l’intérieur…
Drôle et émouvant, encore une très belle histoire à la Thirion.
Arrêtez d’arrêter, de Francis Mizio.
Dans un futur proche, le fait d’avoir été (avant son interdiction, bien sûr) abonné à 50 millions de consommateurs sera considéré comme le signe d’un caractère rebelle, à surveiller. Pas question de faire quoi que ce soit qui déplaise à l’Hygiéniste municipal, au Prêcheur sportif ou au Chef de Bloc ! Manquerait plus que ça. On ne rigole plus ! Le merchandising est enseigné en maternelle, le « bureau de développement des heures supplémentaires » dispose de son milicien et de son évangéliste, on peut être élu « employé du mois » lorsque l’on n’a pas pris de congés depuis plus de 2 ans… Alors évidemment, lorsque l’on vous propose de participer à un stage subversif que « paraît-il, des gens suivraient », on est un peu perplexe. C’est tellement osé ! Retrouver le goût du tabac grâce à un « stage de réappropriation tabagique » ? C’est interdit et puis, le tabac, c’est comme les bonbons et les salaisons : faut se les procurer chez l’Africain, au marché noir, et c’est coton…
Pour rire et réfléchir sur les travers du monde, une vingtaine de pages d’humour grinçant.
Boulette, de Max Obione.
Une petite vingtaine de pages et le tour est joué : un décor, des personnages vivants et surtout une histoire complète, prenante, qui tient la route. Max Obione excelle dans la nouvelle, ce n’est pas une surprise ; avec Boulette il exprime une fois encore tout son art. C’est noir, très noir, et d’une sensibilité remarquable. On attend l’adaptation court-métrage…

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