J'ai découvert Hafed Benotman par la lecture de son recueil Les forcenés, publié en 2000 alors que l'auteur, à l'époque incarcéré, ignorait même qu'il était publié. J'avais entendu dire le plus grand bien de Garde à vie, paru en 2011, et j'ai profité d'une escapade à Lamballe en novembre dernier pour me procurer la "chose".
Garde à vie, c'est l'histoire d'un adolescent qui fait une bêtise. Si si, à 16 ans, un vol de voiture c'est une grosse bêtise. Et à 16 ans, se retrouver en garde à vue c'est une grosse punition. Elle pourrait s'arrêter là, la grosse punition, c'est facile : il suffit de dénoncer l'autre. Celui qui conduisait la voiture volée. Il suffit de dire au policier qui il est, et puis on en reste là, l'autre c'est du vrai gibier, du vrai méchant, c'est lui qui doit payer. Mais non, à 16 ans on n'a pas envie de dénoncer son copain Jean. Alors, 16 ans ou pas, la bêtise conduit en prison. Et bienvenue dans la jungle.
Hafed Benotman milite contre l'enfermement. "On" peut se demander "oui, peut-être, mais les délinquants, les criminels, on en fait quoi si on ne les met pas en prison ?". Le roman n'apporte pas de réponse à cette question, mais il en fournit une autre, et de belle manière : surtout pas dans cet enfer, cette machine à broyer les hommes. Le texte, court, montre cet univers qu'est la prison de façon réaliste, crue mais sans voyeurisme. Pas de happy end ni de "procès" d'un système : on est davantage dans le reportage, le témoignage.
À lire, à méditer, Garde à vie est un roman qui marque.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire