Il y a des polars où il n'est pas besoin de chercher qui a fait quoi, on le sait dès le départ. La vraie question est "pourquoi", ou plutôt pourquoi le "qui" en est arrivé au "quoi". Les Châtiments d'Apophis, écrit à quatre mains par le couple Dauthie-Cherruel entre dans cette catégorie. Dès le départ, on sait aussi le comment : notre homme tue avec des serpents. Il y a dans ce livre les 3 "dimensions" du polar. Une part thriller (un serpent, quand même... on se demande jusqu'où tout ça va aller avant que police et justice mettent le holà), une part roman d'enquête (une double enquête, même, puisque la "commandante" en charge du dossier va avoir à retrouver un tueur, mais aussi à démêler une grosse magouille politico-financière) et surtout une part noire parce que le fond du livre, c'est l'histoire de cet homme que la société a poussé à commettre ce que la morale réprouve. Très intéressant, ce personnage central, simple employé d'une entreprise qui l'a licencié, asocial, cultivé, philosophe solitaire, qui avait réussi à trouver un équilibre jusqu'au jour où son rempart s'est écroulé. Et depuis ce jour-là...
La fliquette, sympathique et performante mais un peu trop "propre sur elle", conventionnelle dans son rôle de mère tiraillée entre son boulot (et quel boulot !), son mari et son bébé, contraste à merveille avec "l'homme aux serpents" qui ne supporte pas ceux qu'il appelle ses "dissemblables". Cet homme finira d'ailleurs par balancer à l'enquêtrice une belle claque à la toute fin du livre, à propos de ses conversations de couple, mais il n'est pas certain qu'elle ait su traduire...
Bref, un roman noir de qualité, marqué par un personnage de "méchant" qui ne m'a pas laissé indifférent pour le regard qu'il porte sur le monde qui l'entoure, sur une certaine société de "Certains", de poissons qui ne voient pas l'eau qui les entoure, et de requins. Finalement, attaquer les requins au serpent, hein...
Coup de cœur de début d'été !
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