jeudi 9 août 2012

Jaguars, de Sophie Di Ricci

Rive-de-Gier, petite ville proche de Saint-Etienne. C'est là qu'ont échoué Sam, 28 ans, et son frère Jon, 25 ans, après avoir connu une gloire éphémère avec un disque de punk rock. Ils vivent en partie en HLM chez leur mère, ex junkie, et dans une maison qu'ils ont louée au noir, en campagne. Sam a des velléités révolutionnaires, collectionne les armes à feu, s'entraîne au tir et remplit des pages de théories politiques fumeuses. Il veut "faire des coups" sans trop savoir lui-même ce que cela signifie... Jon est homosexuel, sous méthadone, après un sevrage de l'héroïne. Deux paumés qui touchent le RMI, bien différents mais inséparables et qui s'enfoncent chaque jour un peu plus dans le glauque. Surviennent alors deux événements qui vont chambouler leur triste vie. Un journaliste, d'abord, qui veut faire un reportage sur ces deux ex musiciens. Que s'est-il passé pour qu'ils en arrivent là ? Puis c'est la rencontre avec un homme étrange, Godzilla, croisé dans un restaurant, qui va devenir l'amant de Jon après avoir laissé croire à Sam qu'il pouvait l'approvisionner en armes.
La suite du roman raconte les pérégrinations de ces 2 jeunes hommes dans un Paris où ils vont partager un ancien cinéma devenu squat avec une bande de drogués, d'alcooliques, de voyous et de trafiquants. Même si l'histoire est très sombre, Jaguars est une histoire d'amour. Ou plutôt : deux histoires d'amour. Celle de ces deux frères inséparables dans leur galère, et celle de ce couple d'homosexuels qui s'adorent, malgré leur laideur, leur violence et cet environnement sans espoir et sordide au possible. Et il y en a d'autres, en arrière-plan, avec l'amour de cette mère pour ces fils, de ces fils pour leur chien, de ce tueur pour son pote Nounours, de Sam le révolutionnaire pour sa petite amie qui attend un bébé. Mais tout ça est désespéré, il ne faut pas s'attendre à un "happy-end" à l'eau de rose où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
C'est un roman dur, cru, avec des personnages de marginaux émouvants et réalistes, dans la même veine que le premier et précédent de Sophie Di Ricci, Moi comme les chiens, paru lui aussi aux éditions Moisson Rouge, et lui aussi excellent.

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